Les valeurs

Les valeurs sont un concept central dans la vie publique. Pour de nombreux auteurs (Tocqueville, Weber, Durkeim), les valeurs sont fondamentales pour expliquer l’organisation et le changement, au niveau de la société comme à celui des individus. Elles ont joué un rôle important non seulement en sociologie, mais aussi en psychologie, en anthropologie et dans l’ensemble des disciplines connexes.

On les utilise pour caractériser les individus ou les sociétés, pour suivre le changement au cours du temps, et pour expliquer les motivations de base qui sous-tendent attitudes et comportements. Les valeurs sont à l’origine des lois, des règles, des conventions et des coutumes qui régissent les groupes et les relations entre les individus qui les composent (Brée, 1994).

Beaucoup de conceptions différentes de cet objet de recherche ont alors émergé, mais l’utilisation des valeurs en sciences sociales a souffert de l’absence de consensus concernant la conception des valeurs de base, leur contenu et la structure des relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres.

Le concept de valeur a ainsi vu différentes définitions :
• « Croyance durable selon laquelle un mode spécifique de conduite ou un but de l’existence est personnellement et socialement préférable à d’autres conduites ou buts » (Rokeach, 1968)
• « Préférences collectives qui apparaissent dans un contexte institutionnel et participent à sa régulation » (Boudon et Bourricaud, 1983)
• « Ce que les hommes apprécient, estiment, désirent obtenir, recommandent, voire proposent comme idéal » (Rezsohazy, 2006)
• « Adhésion des individus à des objectifs permettant de satisfaire des intérêts appartenant à des domaines motivationnels et ayant une importance plus ou moins grande dans la vie de tous les jours » (Schwartz et Bilsky, 1987)

Les valeurs ont différentes caractéristiques :
• elles sont plus ou moins personnelles :
– la valeur peut être l’expression d’une personne (valeur personnelle), d’un groupe ou d’une société entière (valeur sociale)
• elles plus ou moins centrales dans une société :
– la valeur peut renforcer le statut dans le groupe social (valeur centrale), marginaliser celui qui y adhère (valeur déviante) ou permettre une certaine marge de manœuvre individuelle (valeur variante)
• elles sont plus ou moins globales :
– certaines valeurs peuvent être considérées comme des moyens (valeurs instrumentales) et d’autres comme des fins (valeurs terminales)
– certaines valeurs sont plus globales que d’autres (aire de validité) et transcendent les sphères de la vie sociale (exemple de la justice)
• elles sont plus ou moins structurantes du comportement
• elles sont souvent relatives
– il n’existe pas de valeurs préférables à d’autres, dans l’absolu
– une même valeur peut être valorisée par les uns ou rejetées par les autres (notion de contre-valeur)
• elles sont parfois liées les unes aux autres
– défendre certaines valeurs implique d’en rejeter d’autres (ex.: plus de patriotisme ► moins de cosmopolitisme)
– défendre certaines valeurs implique d’en défendre d’autres (ex. : plus de cosmopolitisme ► plus d’égalitarisme)

Le concept de valeur se différencie d’autres concepts :
les besoins : les valeurs expriment individuellement et socialement les besoins sous-jacents ;
les traits de personnalité : les traits sont particulièrement stables et acquis dès l’enfance ; les valeurs sont susceptibles de changer ;
les attitudes : une attitude reste focalisée sur un objet particulier ; elle résulte en partie de la conformité de l’objet au système de valeur ;
la culture : les valeurs dérivent de la culture ; elles sont apprises au sein d’une société (socialisation) ou entre sociétés (acculturation) ;
les normes sociales : une norme se réfère à un comportement souhaité socialement, dans un contexte bien particulier ;
les styles de vie : les activités, centres d’intérêt et opinions.

On peut définir 4 dimensions dans le concept de valeur :
L’objet de la valeur, qui est valorisé ou déprécié ; par exemple : la nation, la famille, le travail, etc.
La valence de la valeur ; par exemple : bonne ou mauvaise, utile ou inutile, etc.
Le caractère plus ou moins normatif de la valeur ; par exemple : être patriote, être fidèle, etc.
Les porteurs de la valeur : acteurs individuels (parents) ou collectifs (parti politique, …), groupes sociaux.

Les valeurs représentent selon Assael (1984) quatre caractéristiques qui leur confèrent ainsi un caractère stable :
• Les valeurs sont apprises au sein d’une société ou par transfert entre les sociétés ;
• Un système de valeurs se concrétise par un ensemble de normes régissant les comportements ;
• Les valeurs sont partagées au sein d’un même ensemble social ;
• Les valeurs sont à la fois stables et dynamiques, leur évolution se produisant sur un cycle long.

Sources : multiples, mais soulignons les apports de Valeurs et consommation de Pierre Volle, de l'Université Paris Dauphine.

Suite : les différentes approches pour l'étude des valeurs

Valeurs de Schwartz